Gatlin a battu le record du monde du 100 mètres en 9 sec 76/100

PARIS (AFP) - L'Américain Justin Gatlin, qui a battu vendredi à Doha le record du monde du 100 mètres en 9 sec 76/100, s'est définitivement inscrit au rang des plus grands dans l'histoire de la discipline reine de l'athlétisme.

Désormais, les références à Jesse Owens (quadruple champion olympique en 1936 à Berlin), Bob Hayes (vainqueur du 100 m et du relais 4X100 m aux J0 de Tokyo, en 1960), Jim Hines (champion olympique 1968) et, plus près dans le temps, à Carl Lewis et Maurice Greene, s'imposent.

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Champion olympique du 100 m en 2004 à Athènes, double médaillé d'or (100 et 200 m) aux Championnats du monde 2005 à Helsinki, le sprinteur de Brooklyn s'est offert, comme ses illustres devanciers, le titre d'homme le plus rapide de la planète.

Dominateur sous la pluie et dans le froid finlandais, Gatlin avait pourtant laissé percer un regret: l'absence pour blessure du Jamaïcain Asafa Powell, qui s'était emparé du record du monde (9.77), le 14 juin 2005 à Athènes, une marque que l'Américain retenait légitimement dans ses cordes.

"A cause d'une préparation hivernale perturbée, je n'ai pas pu atteindre l'objectif cette année. On a été obligés avec le groupe de notre entraîneur (Trevor Graham, ndlr) de changer de campus en janvier, de Raleigh à Durham (Caroline du Nord). Le terrain en herbe se transformait en bourbier sous la pluie et j'ai traîné une contracture aux ischios", soulignait alors Gatlin.

Saison sans championnat majeur (Mondiaux ou JO), 2006 s'offrait à la revanche de l'Américain, sur l'orbite cette fois d'une approche parfaite. Capable d'une rentrée en 9 sec 95/100, samedi dernier à Osaka (Japon), le champion olympique avait compris que le record était mûr.

"Ma mise en action a été poussive, et la première partie de la course moyenne. Mais j'ai ensuite réussi une excellent seconde partie, une des meilleures certainement de ma carrière", avait souligné le New-Yorkais à son arrivée dans le Golfe.

Et puis, évidemment, il y avait un terme de comparaison qui ne trompait pas, s'agissant du chrono. "En 2005, j'avais réalisé 10 sec 15/100 à Osaka. Deux dixièmes de plus que cette année", avait-il rappelé. Et Gatlin avait ajouté, sans forfanterie: "Bien sûr que je peux courir en 9 sec 75/100 à Doha. Si les conditions sont favorables."

Un vent largement favorable (1,7 m/s) et une chaleur plus qu'agréable ont constitué deux atouts primordiaux lors du sprint.

D'une taille respectable (1,85 m) mais moins grand que Powell (1,90 m), Gatlin se caractérise par une foulée d'un amplitude exceptionnelle, qui rappelle celle du guépard, prototype du félin bondissant.

Les statisticiens, qui avaient disséqué sa course en finale du 100 m à Helsinki, avaient compté 42 foulées, alors que Powell avait employé 45,5 foulées pour abattre le record du monde de Greene.

La fréquence de Gatlin donnait une amplitude moyenne de près de 2,4 m par foulée. Mais, en considérant que la mise en action induit des foulées forcément raccourcies, on avait estimé à 2,6 m l'amplitude moyenne terminale.

Les plus anciens techniciens ont noté aussi "le parfait équilibre entre puissance et vélocité, qui permet de situer Gatlin entre Bob Hayes et Carl Lewis".

En donnant un coup d'accélérateur, Gatlin, 24 ans, a généré un dangereux mécanisme. Powell (22 ans), qui lui avait répondu dès samedi par un temps de 9 sec 95/100 chez lui à Kingston, et le Nigérian Olusoji A. Fasuba (21 ans et demi), 2e à Doha en battant en 9 sec 84/100 le record d'Afrique de Frankie Fredericks (datant de 1996), dans l'aspiration du turbo new-yorkais, sont déjà prêts à relever le défi. A coups de centièmes.