«Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour».

  Il y avait un roi qui avait beaucoup de courtisans. Parmi ces derniers il y en avait un qui était savant et qui chaque matin se présentait au roi et lui disait: «Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour».
Et le roi faisait à chaque fois un signe d’acquiescement à ce sage conseil. Cela dura longtemps sans pour autan faire la joie des autres courtisans surtout les plus anciens parmi eux. Chaque fois que le jeune savant entrait pour saluer le roi, ils murmuraient entre eux: «Regardez ce jeune courtisan qui se prend pour un savant et un sage, il ne veut en réalité que saper notre position auprès du roi ! Il faut qu’on le dégonfle!».
L’un de ces vieux courtisans décida alors de réfléchir à une voie pour éloigner le jeune courtisan du roi. Il profita d’une audience qui lui fut accordée pour dire au roi:
- Que Dieu prolonge la vie de notre roi! Si le roi pouvait m’écouter j’ai une confidence sérieuse à lui faire car nous (ses courtisans expérimentés) nous sommes ses yeux et ses oreilles avec lesquels il surveille son peuple. Mais la surveillance devient parfois difficile quand le mal se trouve en nous-mêmes. Le roi l’interrompit en lui disant:
- Que signifies-tu par là?
- Le problème c’est que parmi nous-mêmes, il y a des courtisans qui n’aiment pas le roi bien qu’ils prétendent lui être fidèles voire lui donner des conseils chaque jour.
- De qui parles-tu et sois clair car tu sais je n’accepte pas les affirmations gratuites (sans preuve) ! Dit le roi.
- Oui, mon roi comme vous le savez je suis l’un de vos plus vieux courtisans dans cette cour et j’ai travaillé avec votre père avant vous et je connais mieux tous ceux qui vous fréquentent ici.
- Tu veux dire qu’il y a parmi eux de gens qui ne m’aiment pas? Demanda le roi avec empressement.
- Oui, mon roi! Certes, la vérité est amère à dire mais il n’y a aucun bien en nous, si nous vous cachons certaines vérités. Voyez-vous un tel qui se présente à vous chaque jour en vous disant: «Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour».
Le roi se fâcha et dit:
- Arrête! Oses-tu me dire que le jeune courtisan, le savant ne m’aime pas? Je ne te le tolérerai pas à moins que tu ne m’apportes une preuve évidente de ce que tu dis et tout de suite. Je n’ai vu en effet que du bien dans mon peuple depuis que j’appliquais ses sages conseils dont cette maxime matinale qu’il nous rappelle.
- Ce n’est pas la preuve qui manque mon roi mais serez-vous prêt à l’accepter? Je vais vous donner une petite preuve car ce jeune courtisan m’a fait une révélation un jour en me disant que si vous n’étiez pas roi, personne ne vous rapprochera à cause de la mauvaise odeur de votre bouche? Le roi commença à perdre son contrôle et le vieux courtisan continua: oui, je suis prêt à vous faire la démonstration de ce que je dis. La preuve, il faut regarder bien quand il vous salue le matin, il pose sa main sur son nez pour ne pas sentir votre odeur. Et dès demain vous pouvez vérifier cela de vous-même. Furieux, le roi renvoie le vieux courtisan en lui promettant d’infliger une punition exemplaire au jeune courtisan si son affirmation s’avère vérifiée.
Le vieux courtisan sortit tout content de chez le roi et alla auprès du jeune courtisan et lui dit:
- En réalité Dieu t’a favorisé par rapport à nous, tu jouis d’une haute place auprès de notre roi bien que nous soyons plus anciens que toi. Le jeune courtisan lui dit: «Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour». Ceci est le plus grand trésor que nous avons hérité de notre savoir et de notre culture livresque. En vérité, Dieu veut du bien à notre roi vu le nombre de savants et de sages qui l’entourent car notre prophète a bien précisé que quand Dieu veut du bien à un roi, Il lui assigne un bon entourage qui lui recommande le bien et l’aide à le faire et vice-versa quand Dieu ne veut pas de bien à un roi, Il lui assigne un mauvais entourage qui lui recommande le mal et l’aide à le faire. Le vieux courtisan dit: «Que ta compagnie est agréable ! Mais le temps nous fait défaut ici pour continuer, je t’invite donc demain très tôt chez moi avant de venir à la cour ».
Le vieux courtisan demanda alors à sa femme de préparer une sauce spéciale car selon lui son invité souffre d’un rhume spécial. Il recommanda à la femme de mettre dans cette sauce tout ce qui dégage une mauvaise odeur tels que l’oignon, l’ail, le poisson…
Très tôt, le lendemain matin, le vieux courtisan reçut le jeune courtisan à qui il fit consommer la sauce nauséabonde puis regarda le soleil dans le ciel, il dit à son invité: «Nous sommes trop en retard! Je te conseille de me devancer à la cour du roi ». Le jeune courtisan sortit sans avoir la possibilité de rincer sa bouche pour en changer l’odeur. Arrivé chez le roi, ne voulant pas que son odeur parvienne au roi, il mit sa main sur sa bouche pour saluer le roi et dire sa maxime quotidienne: «Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour».
Le roi était sur ses gardes et contrôlait bien les gestes du jeune courtisan et quand il le vit porter sa main vers son visage, il n’attendit pas pour voir où posera-t-il sa main. Il conclut automatiquement que le jeune courtisan le déteste et ne veut pas sentir son odeur mais il fit un effort pour contenir sa fureur. Longtemps après, le vieux courtisan arriva après avoir pris soin de bien rincer sa bouche. Il salua le roi et celui-ci lui fit signe qu’il a bien constaté le comportement du jeune courtisan. Il envoya alors le vieux chercher le jeune courtisan. Quand ce dernier arriva, le roi lui remit une enveloppe fermée. Généralement, le roi ne donne ce genre d’enveloppe qu’aux gens qu’il veut honorer et combler des cadeaux mais ce jour-là, l’enveloppe ne contenait qu’une phrase sèche et cruelle adressée aux magasiniers qu’il avait déjà prévenus: «Faites disparaître (tuez) immédiatement le porteur de cette enveloppe». Le jeune courtisan prit l’enveloppe et voulut aller au magasin lorsque le vieux courtisan qui guettait de loin la scène, l’interpella. Il demanda ce qu’il avait reçu du roi, le jeune courtisan lui montra l’enveloppe. Le vieux comprit qu’il s’agit comme d’habitude des cadeaux que le roi a offerts au jeune courtisan, il dit à ce dernier: «Reste à ma place, je vais vérifier la présence des magasiniers». Il se rendit au magasin avec l’intention de détourner les supposés cadeaux offerts au jeune courtisan mais quelle ne fut sa grande surprise de trouver les bourreaux au magasin, dès qu’il leur tendit l’enveloppe, ils le saisirent avec force et commencèrent à le malmener en le tirant vers la chambre de guillotine tandis qu’il criait à haute voix: «Ce n’est pas pour moi, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas pour moi… ». Mais hélas en vain!
Très tôt, le lendemain matin, le jeune courtisan se présenta chez le roi pour le saluer et lui rappeler sa maxime quotidienne. Le roi remarqua qu’il n’avait pas porté sa main vers son visage mais il ne croyait ni ses yeux ni ses oreilles car pour lui le jeune courtisan était tué depuis hier. Il sentit ses forces le quitter, il fit signe au jeune de s’asseoir et demanda aux autres courtisans de se retirer. Il demanda au jeune courtisan: «Mais où est l’enveloppe que je t’ai donnée hier ?». Le jeune courtisan répondit: «C’est un tel qui m’a intercepté pour la prendre et l’amener au magasin ». Le roi comprit alors ce qui se passa. Puis ils se sont expliqués comment les choses s’étaient passées. Le roi demanda pardon et conclut la discussion en disant: oui, «Sois bienfaisant envers tout le monde et laisse le malfaiteur, son mal l’atteindra un jour».
J’ai compris aujourd’hui le sens et la réalité de cette sagesse. Je te nomme à partir d’aujourd’hui chef de tous les courtisans et je ne prendrai aucune décision avant de te consulter! Allahou akbar!

Allah soub-hânahoû wa ta’âlâ a raison en disant:
æóáÇ íóÍöíÞõ ÇáúãóßúÑõ ÇáÓøóíøöÆõ ÅöáÇøó ÈöÃóåúáöåö
«Oui, la manœuvre perfide n'enveloppe que ses propres auteurs ». Sourate 35, verset 43.
Rappelons-nous aussi cette recommandation divine:
íóÇ ÃóíøõåóÇ ÇáøóÐöíäó ÂãóäõæÇ Åöäú ÌóÇÁóßõãú ÝóÇÓöÞñ ÈöäóÈóÅò ÝóÊóÈóíøóäõæÇ Ãóäú ÊõÕöíÈõæÇ ÞóæúãÇð ÈöÌóåóÇáóÉò ÝóÊõÕúÈöÍõæÇ Úóáóì ãóÇ ÝóÚóáúÊõãú äóÇÏöãöíäó
«Ô croyants ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, élucidez-la [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait». Sourate 49, verset 6
Il est dit: «Quiconque creuse un trou de trahison, qu’il le creuse bien car il se peut qu’il soit le premier à y tomber et quiconque creuse un trou de vengeance, qu’il en creuse deux car sa vengeance sera vengée à son tour».
A méditer longuement!!!